Immuno

L’immunothérapie

Cher(e)s Ami(e)s,

L’arsenal de moyens thérapeutiques contre le cancer s’enrichit continuellement. Cet éditorial portera sur l’immunothérapie, traitement révolutionnant ces dernières années le paysage de soins et constituant actuellement l’une des voies les plus prometteuses de recherche sur le cancer.

L’immunothérapie ou lorsque notre propre système immunitaire devient notre plus précieux allié dans la lutte contre le cancer !

Nous connaissons tous les trois traitements classiques du cancer visant directement les cellules tumorales : chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie.

À la différence de ces traitements conventionnels, l’immunothérapie ne cible pas la tumeur, mais doit permettre au système immunitaire de s’attaquer lui-même aux cellules cancéreuses.

L’idée d’utiliser le système immunitaire du patient comme traitement contre son propre cancer n’est pas neuve en soi, mais c’est au cours des dix dernières années, grâce aux avancées spectaculaires de la biologie cellulaire, biologie moléculaire et de la génétique, que l’immunothérapie a commencé à être considérée comme le quatrième pilier du traitement anticancéreux. À utiliser seule ou, de plus en plus souvent, en association avec d’autres traitements.

Comment fonctionne notre système immunitaire ?

Telle une « armée » protégeant son territoire contre « l’ennemi », notre système immunitaire (composé d’un ensemble de cellules, de tissus et d’organes) permet d’identifier, de maîtriser et détruire « les agresseurs », c’est-à-dire des agents pathogènes et infectieux.

L’immunité innée (non spécifique) constitue le premier rempart de l’organisme en cas d’infection ou de maladie : notre système immunitaire veille de manière naturelle pour repérer les cellules anormales, cancéreuses ou infectées et pouvoir agir sur le champ.

Mais, ce n’est pas tout : notre système immunitaire peut apprendre !

En effet, la seconde ligne de défense est l’immunité acquise (spécifique). Elle nécessite une « éducation » des lymphocytes B et T (globules blancs) pour qu’ils apprennent à reconnaître et à éliminer « l’ennemi ». Le profil de cet ennemi sera mémorisé et notre organisme pourra réagir très rapidement à la prochaine rencontre (c’est le principe de fonctionnement des vaccins).

Pourquoi notre système immunitaire ne détruit-il pas automatiquement les cellules cancéreuses ?

Il y a plusieurs raisons à cela : la réponse du système immunitaire peut être insuffisante, les cellules cancéreuses peuvent ressembler trop aux cellules saines ; et enfin, les cellules cancéreuses peuvent « contre-attaquer » en libérant des substances qui neutralisent le système immunitaire du patient.

L’immunothérapie cherche à trouver des parades  à ces obstacles, permettant de renforcer, créer ou rétablir une réponse immunitaire adaptée de l’organisme.

Les immunothérapies, comment ça marche ?

Dans un premier temps, les chercheurs ont élaboré des traitements visant à renforcer, « booster », l’immunité innée, naturelle de l’organisme. Par exemple, en utilisant des cytokines (interférons : prescrits dans le traitement de leucémies, lymphomes, certaines formes de cancer de la moelle osseuse, du rein ou de mélanome ; et interleukines : administrées dans le traitement de certains cancers du rein et certains mélanomes).

Actuellement, plutôt que de déclencher une activation généralisée du système immunitaire qui n’est pas sans risque, si elle dure trop longtemps ou si elle est trop intense, on développe des immunothérapies spécifiques. Les chercheurs se concentrent sur trois principales pistes de recherche : vaccin, lymphocytes T Car et inhibiteurs de points de contrôle.

Défis de l’immunothérapie et organisation des soins

L’immunothérapie, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de guérison, notamment pour les patients atteints d’un cancer à un stade avancé, pose néanmoins quelques défis tant du point de vue scientifique, politique qu’organisationnel. En ce qui concerne la recherche, si les effets secondaires des immunothérapies sont rares, leur origine n’est pas encore très bien connue. On ne sait pas non plus pourquoi certains patients résistent à ce type de traitements.

D’autre part, l’arrivée massive des immunothérapies demande un réel bouleversement des pratiques et de l’organisation de soins afin de pouvoir garantir un accès équitable de tous les patients aux traitements adaptés à leurs cas, gérer efficacement le flux de patients en évitant les goulots d’étranglement, inconfortables pour tous, et repenser le suivi des patients en ville.

Vaste programme qui passera nécessairement par la sensibilisation de tous les acteurs (politiques et institutionnels) impliqués dans l’organisation et le financement des soins ainsi que dans la prise en charge de patients atteints de cancer.

Tout cela afin que les immunothérapies passent le plus rapidement possible du statut d’innovation à celui de progrès médical s’inscrivant solidement dans le paysage de soins anticancer !

Et pour que le mot « avenir » retrouve tout son sens pour tous les patients, quel que soit le stade d’avancement de leur cancer.

Amicalement

L’Équipe ARTIC

Un peu d’histoire ?
Le pionnier de l’immunothérapie Utiliser le système immunitaire du patient pour combattre sa maladie est en réalité une « vieille » approche thérapeutique. À la fin du XIXème siècle, un jeune chirurgien new-yorkais, William Coley, a étudié le dossier d’un homme dont le sarcome avait disparu après contraction d’une maladie infectieuse due aux streptocoques : l’érysipèle. Cette guérison inespérée a incité Dr Coley à rechercher des cas similaires pour élaborer ensuite un remède à base des bactéries mortes d’érysipèle : la « toxine de Coley ». Il l’injecta en premier à un jeune homme atteint d’une tumeur abdominale massive. En l’espace de quatre mois, la taille de la tumeur diminua de 80 % et, trois mois plus tard, le patient fut totalement guéri du cancer. Il décéda 26 ans plus tard… d’un infarctus.

Késako ?
Médecine de précision Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, un même diagnostic impliquait la prescription d’un même médicament à tous les patients. Mais les individus sont très différents les uns des autres sur le plan biologique, ce qui entraîne l’existence de nombreux sous-types d’une même maladie. On sait aujourd’hui qu’il n’existe pas un cancer par organe, mais une multitude de sous-types de tumeurs. La médecine de précision (ou médecine personnalisée) consiste à choisir le traitement le mieux adapté en fonction du profil biologique du patient et en fonction des caractéristiques moléculaires de sa maladie. Des tests diagnostiques permettent de dresser le « portrait » moléculaire de la tumeur. Ainsi, en fonction des anomalies moléculaires de sa tumeur, on proposera au patient une thérapie qui cible cette anomalie pour bloquer la croissance de la tumeur et la détruire. En cancérologie, on distingue actuellement deux grands types de traitements personnalisés : les thérapies ciblées et l’immunothérapie spécifique.

Le Saviez-vous ?
Quand un lymphocyte « tueur » fait « un baiser de la mort » à une cellule tumorale… Les lymphocytes T cytotoxiques (T killer) sont de vrais tueurs, de vrais « serial killers » de cellules cancéreuses ! Lorsqu’un tel lymphocyte rencontre une cellule cancéreuse ou une autre cellule indésirable, il libère à son contact une substance chimique destructrice. L’intrus est ainsi mis hors-jeu.

Young scientists conducting research investigations in a medical laboratory, a researcher in the foreground is using a microscope

Nouveau cadre réglementaire de la recherche clinique

Cher(e)s Ami(e)s,

Dans nos éditoriaux, nous vous présentons le plus souvent des aspects scientifiques et médicaux de la recherche oncologique. Néanmoins, l’avancement rapide de la recherche clinique dépend aussi, en grande mesure, du cadre réglementaire et organisationnel sur lequel cette activité doit nécessairement s’appuyer. Il faut que ce cadre soit adéquat et ses dispositions favorables à tous les intervenants du processus de recherche : investigateurs et personnel de recherche, associations, établissements de santé… Et bien évidemment, qu’il contribue à ce que les fruits de la recherche puissent être mis à la disposition de nos patients dans les plus brefs délais !

Nous voudrions attirer votre attention sur deux textes : le contrat (convention) unique et la loi Jardé dont les derniers décrets d’application sont entrés en vigueur respectivement en novembre 2016 et mai 2017 et qui risquent fort de modifier le paysage de la recherche clinique française dans les années à venir. Et la plupart de nos brèves qui suivent sont consacrées aux plus importantes avancées thérapeutiques présentées lors du dernier congrès ASCO (Congrès américain d’Oncologie clinique) qui s’est tenu début juin à Chicago et a réuni, comme tous les ans, plus de 30.000 spécialistes venus du monde entier.

Car la recherche avance toujours !

Nouveau cadre réglementaire de la recherche clinique

Nous voulons tous que nos  patients puissent avoir très rapidement accès aux plus innovants moyens thérapeutiques. Il est donc primordial que la France devienne de plus en plus compétitive sur le plan international en matière de recherche clinique afin que le nombre d’études et le nombre de patients inclus en France ne cessent de croître. Le contrat unique a été pensé pour permettre d’atteindre cet objectif.

Contrat (convention) unique*

Il s’agit d’une convention signée entre un établissement de santé et une entreprise en vue de réalisation d’une recherche à promotion industrielle (médicaments, dispositifs médicaux, diagnostic). Elle vise à réduire le délai de mise en place des recherches, simplifier les questions administratives et rendre plus transparente la relation entre les établissements de santé et l’industrie.

Simplification des démarches  : le contrat est qualifié d’unique, car une seule et même convention lie, dans le cadre d’une recherche donnée, un promoteur industriel, un établissement de santé (établissement coordonnateur) et, un investigateur. Ensuite, il est dupliqué à l’identique pour chaque établissement de santé participant à cette recherche (établissement associé). Avant, les négociations devaient se faire séparément avec chacun des intervenants, ce qui prenait, bien évidemment, plus de temps et nécessitait plus de démarches.

Réduction des délais : le contrat fait passer le délai à 45 jours pour les négociations avec l’établissement de santé et l’investigateur (contre 4 mois maximum avant) et, ensuite, à 15 jours pour celles avec les centres associés.

Financement : la rémunération de l’investigateur est désormais comprise dans le contrat et donc versée directement à l’établissement de santé et non pas à l’investigateur ou son association d’investigation.

Les  modifications introduites par le contrat unique et relatives au financement de la recherche clinique suscitent néanmoins quelques inquiétudes. Elles concernent l’utilisation réelle des sommes versées par les laboratoires ainsi que des fonds publics pour l’innovation que les hôpitaux fonctionnant uniquement sous contrat unique recevront maintenant directement. En effet, on peut craindre que ces fonds ou leur majeure partie ne soient utilisés par les hôpitaux concernés à couvrir leurs déficits au lieu d’être reversés aux associations de recherche. Ce qui pourrait entraîner la disparition de certaines associations faute de moyens pour assurer leur pérennité, la rémunération des investigateurs et des soignants engagés dans une étude ou le recrutement de techniciens de recherche nécessaires.

* signé en 2013 et mis en place en 2014.

Loi Jardé*

Cette loi a, entre autres, modifié la terminologie des recherches. Nous présentons ci-dessous les principaux changements ainsi que les nouvelles dénominations car vous pouvez désormais les rencontrer dans différents documents consultés

  • Terminologie : on ne parle plus de « recherches biomédicales », mais des « recherches impliquant la personne humaine » ou RIPH. Ce sont des recherches pratiquées sur l’être humain en vue du développement des connaissances biologiques et médicales.

Elles ont été divisées en trois catégories :

  • Recherches interventionnelles,
  • Recherches interventionnelles à risques et contraintes minimes,
  • Recherches non interventionnelles.
  • Comités de protection des personnes (CPP) : leurs membres ne sont plus sélectionnés mais tirés au sort.
  • Modalités du consentement :
  • Le promoteur peut dorénavant utiliser les données obtenues avant le retrait du consentement du participant à la recherche  ;
  • Sous certaines conditions, l’autorisation d’un seul parent est désormais suffisante pour les recherches à risques minimes menées sur des mineurs ;
  • Le texte prévoit une dérogation au consentement de la famille en cas d’urgence vitale immédiate.
  • Surveillance et vigilance renforcées :
  • La déclaration des effets indésirables graves doit désormais être effectuée dès que l’investigateur en a connaissance (24h auparavant)
  • Désormais, tout effet indésirable grave est considéré comme un fait nouveau pour les essais portant sur la 1ère administration  ;
  • Renforcement des mesures urgentes de sécurité prises par le Promoteur (suspension immédiate de l’essai, information sans délai de l’AC, CPP, etc.).

* J.O. du 5 mars 2012 ; décrets d’application du 16 novembre 2016 et du 10 mai 2017.

Conclusion

Les lois et les règlementations sont indispensables en recherche clinique. Elles protègent les participants en définissant précisément les modalités de consentement et de son retrait, les règles de la pharmacovigilance, les questions relatives aux assurances, aux indemnisations, et aux financements ainsi que les fonctions remplies par tous les acteurs intervenant à toutes les étapes du processus de recherche.

Nous accueillons très favorablement tout ce qui fait avancer la recherche, tout ce qui facilite la mise en place et l’organisation des études cliniques. Bref, toutes les modifications qui, en dernier lieu, serviront le mieux les intérêts de nos patients et augmenteront leurs chances de guérison.

Néanmoins , toute modification réglementaire importante une fois mise en pratique, tout en apportant un certain nombre d’avantages, peut également entraîner certains effets négatifs. C’est pour cette raison que nous restons vigilants et prêts à échanger avec les législateurs et les pouvoirs publics afin que le nouveau cadre réglementaire ne se transforme jamais en un frein , mais au contraire, qu’il constitue un formidable accélérateur de la recherche médicale.

Mais un accélérateur « à visage humain », car c’est toujours le patient qui reste au cœur de toutes nos démarches !

Amicalement

Équipe ARTIC

Association Artic

La recherche avance !

ASCO 2017 Lors de l’ASCO 2017, les plus grands spécialistes mondiaux dans le domaine de cancer ont pu échanger à propos de nouvelles thérapies prometteuses et des recherches menées sur tous les continents. Signalons les plus importantes avancées, parmi lesquelles :

Cancer de la prostate avec métastases : une nouvelle thérapie révolutionnaire , basée sur une nouvelle molécule (abiratérone), pourrait freiner sa progression et faire chuter le risque de mortalité de près de 40%. Rappelons qu’en France, tous les ans, plus de 70.000 hommes sont touchés par cette pathologie.

Cancer du côlon : une étude démontrant la possibilité de réduire de moitié la durée de la chimiothérapie et ainsi sa toxicité et ses effets secondaires ; tout ceci sans aucune perte au niveau de son efficacité !

Cancer du poumon : actuellement, la première cause de décès par cancer en France – des avancées notables au niveau des thérapies ciblées et des immunothérapies ; et en ce qui concerne le cancer lié à l’amiante (mésothéliome) : en absence de solutions thérapeutiques, l’immunothérapie offre un nouvel espoir permettant de contrôler plus longtemps la maladie.

Des avancées dans le traitement de plusieurs cancers rares dont le myélome multiple. Une nouvelle technique d’immunothérapie personnalisée qui nous vient de Chine permet d’envisager la guérison des patients atteints de ce cancer jusqu’à maintenant incurable. Il s’agit de collecter les lymphocytes du patient, les reprogrammer génétiquement pour qu’ils puissent, tels des missiles, cibler et détruire ses cellules cancéreuses, une fois réinjectés dans son corps. 5000 nouveaux cas de ce cancer sont diagnostiqués en France chaque année.

Cancer du sein : il n’est plus indiqué de décourager la grossesse chez les femmes dont la tumeur était hormonodépendante. La grossesse aurait également un effet protecteur en cas de cancer du sein non hormonodépendant.

C’est une excellente nouvelle pour les futures mamans !

Association Artic

Le Saviez-vous ?

Vive les noix ! Une étude présentée lors de l’ASCO 2017 montre que la consommation des fruits à coques (comme les amandes, les noix ou les noisettes) réduirait presque de moitié la mortalité et le risque de récidive du cancer de côlon. La consommation de ces fruits était déjà liée à une moindre incidence d’obésité, de diabète de type 2 et de résistance à l’insuline. Mais les amateurs du beurre de cacahuètes, attention : les cacahuètes sont des légumineuses et non pas des noix, elles n’ont donc aucune incidence ici.

Le corps, jamais sans l’esprit !
Trois études présentées lors de l’ASCO 2017 soulignent l’importance de la prise en charge psychologique et de l’accompagnement du patient tout au long de son parcours de soins : à commencer par le choc du diagnostic, le traitement et lors d’éventuelles rechutes ainsi que l’aide aux patients dont le pronostic vital est engagé.

Association Artic

Késako ?

Vaccin thérapeutique (curatif)
Lorsque nous entendons le mot « vaccin », nous pensons le plus souvent à un vaccin classique, c’est-à-dire, un vaccin préventif contre la grippe, la polio, la coqueluche, etc., administré avant l’apparition d’une maladie et qui doit, précisément, empêcher son apparition. Mais il existe également un autre type de vaccins : les vaccins thérapeutiques. Leur rôle est de stimuler le système immunitaire du patient pour l’aider à combattre une maladie déjà déclarée. On en parle de plus en plus dans le contexte de cancer et plusieurs équipes de chercheurs, dont l’ARTIC, travaillent actuellement sur des traitements vaccinaux lesquels, en dopant le système immunitaire du patient, permettraient d’éliminer des tumeurs voire n’importe quel type de tumeur.

Association Artic

Nouvelles technologies au service des patients

Écouter le patient, c’est essentiel ! À première vue, on pourrait penser que les différentes applications de télésuivi qui apparaissent de plus en plus souvent sur le marché sont juste des gadgets dans le vent. Loin s’en faut ! Plusieurs études présentées lors de l’ASCO 2017 montrent clairement que ces applications correspondent à un très fort besoin exprimé par les patients – celui d’être écoutés et d’avoir un rôle encore plus actif dans leur propre prise en charge. En effet, grâce à ces dispositifs, le médecin peut déceler plus rapidement une possible complication ou une récidive et agir en conséquence. Par exemple, une application d’autosurveillance, Moovcare TM, utilisée par des patients atteints de cancer de poumon à un stade avancé pour signaler les effets secondaires des traitements et divers paramètres indiquant l’évolution de la maladie, permet une meilleure qualité de vie, et surtout améliore la survie des patients.

Association Artic

Dictionnaire

Élastographie passive… ou être à l’écoute des ondes sismiques Quel est le lien entre les ondes sismiques et le diagnostic du cancer ? L’élastographie est une technique d’imagerie profonde permettant, en quelque sorte, de palper les organes sans les toucher.

L’élastographie, dite active, est déjà couramment utilisée pour dépister, notamment, les cancers du sein. Cette technique consiste à générer artificiellement des ondes grâce à un élément vibratile placé à proximité de l’organe examiné. Ces ondes nous renseignent sur ce qui se passe à l’intérieur de notre corps.

Afin de pouvoir étudier les organes situés dans les zones profondes du corps (comme la prostate ou le foie), les organes protégés ou inaccessibles (comme le cerveau) ou trop fragiles (comme les yeux), les chercheurs ont imaginé l’élastographie passive, actuellement en cours de validation clinique en France. Ici, nous tendons l’oreille non plus aux ondes générées artificiellement, mais à celles produites naturellement par notre corps grâce à l’activité musculaire. En effet, notre corps, tout comme la surface de la Terre, est continuellement parcouru par des ondes mécaniques c’est-à-dire par des séismes de très faible intensité. Cette technique permet au médecin de construire une carte d’élasticité des tissus du patient qui lui servira d’outil de diagnostic.

Pharmacovigilance
est l’activité qui consiste à surveiller, repérer, classer, évaluer, prévenir et gérer les différents effets secondaires (et, notamment, les effets indésirables) d’un traitement afin de garantir la sécurité de son emploi, son efficacité, sa qualité et son bon usage. En France, le système de pharmacovigilance comprend :

– au niveau national, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé),

– et, au niveau régional, les CRPV (Centres régionaux de pharmacovigilance).

– ainsi que tous les autres acteurs concernés : professionnels de santé, patients, associations de patients et entreprises du médicament.

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Résumé de l’ESMO

Cher(e)s Ami(e)s,

La recherche de nouveaux traitements contre le cancer ne ralentit pas !

Après l’ASCO 2016 aux États-Unis dont nous avons parlé dans notre précédent éditorial, c’est en Europe, à Copenhague, que s’est tenu du 7 au 11 octobre 2016 un autre évènement majeur : l’ESMO 2016 – Congrès de la Société européenne d’oncologie médicale. C’était l’événement de tous les records, tant du point de vue du nombre de participants (plus de 20.000 personnes venant de plus de 130 pays) que de la qualité des présentations scientifiques (730) dont un grand nombre ont le potentiel de modifier rapidement la pratique clinique. L’ARTIC y a été représenté par Prof. Oudard, également membre du comité scientifique de l’ESMO, accompagné par Dr. Jacques Médioni et Reza Eladi, Directeur d’opérations cliniques. Ils y ont fait part des résultats de plusieurs études menées sous la responsabilité de l’ARTIC.

Chercheurs d’Europe et d’ailleurs, même combat !

La recherche européenne sur le cancer n’est donc pas en reste : le congrès ESMO, désormais annuel, permet à l’oncologie européenne de s’exprimer d’une voix forte et unifiée et constitue un formidable forum d’échanges entre les spécialistes (d’Europe et d’ailleurs) ainsi qu’une excellente plateforme de présentation de résultats d’études.

L’immunothérapie, les biomarqueurs et les thérapies ciblées ont continué à occuper le devant de la scène à l’ESMO 2016 et le congrès a apporté beaucoup de bonnes nouvelles, notamment pour les patients confrontés au cancer des poumons, de la vessie, du rein, de la prostate, des ovaires, du sein, aux sarcomes, de même qu’à certaines autres maladies moins fréquentes.

Le Patient toujours au cœur de toutes les démarches 

Mais l’ESMO 2016 ce n’était pas uniquement la recherche et l’innovation. En effet, la devise de cette édition du congrès : « Des traitements aux soins des patients » souligne bien l’importance de l’engagement auprès des patients et des efforts concertés visant à faciliter et accélérer l’accès aux traitements, quelles que soient la nationalité et la situation financière de la personne souffrant de cancer.

Une place toujours plus importante, chaque année, est laissée aux sessions de groupes de défense des patients « Patient Advocacy », pendant lesquelles ces derniers débâtent et font des propositions sur des sujets tels que les droits des patients, leur participation à l’élaboration des protocoles et l’éducation du patient en matière de recherche médicale.

Ainsi, tout au long de l’événement, en parallèle aux présentations scientifiques, des participants venus d’horizons divers ont pu échanger et partager leurs expériences de terrain, car faire progresser la recherche ne suffit plus, si l’application des résultats se voit freinée voire bloquée par des questions financières, réglementaires ou par la situation particulière du malade.

Les études cliniques de l’ARTIC présentées à l’ESMO 2016

Les trois études présentées à l’ESMO 2016, dans lesquelles est engagée l’ARTIC, sont les essais Cats, Firstana et Eiffel.

L’étude CATS vise à vérifier si l’efficacité des médicaments prescrits aux patients souffrant d’un cancer de la prostate métastasique résistant à la castration dépend de l’ordre dans lequel ils sont administrés (l’efficacité de la séquence : cabazitaxel, abiraterone et doceTaxel). La séquence de deux chimiothérapies suivie de l’hormonothérapie (abiraterone) semble la plus prometteuse.

L’étude FRISTANA : son objectif est d’évaluer l’intérêt d’utiliser le cabiztaxel en comparaison avec le docetaxel dans le cancer métastatique de la prostate chez des patients n’ayant jamais reçu de chimiothérapie. Elle a permis d’affiner l’utilisation et d’approfondir les connaissances relatives à ce traitement.

L’étude EIFFEL s’appuie sur une méthodologie innovante et porte sur le cancer du rein chez des patients présentant des métastases osseuses. Le médicament radiopharmaceutique étudié, alpharadin, émet des rayons alpha susceptibles de tuer les cellules cancéreuses dans les os. L’objectif est de vérifier si ce médicament, déjà indiqué dans les métastases du cancer de la prostate, est tout aussi efficace et bien toléré dans les métastases du cancer du rein.

Voir le terme « radiopharmaceutique » expliqué plus loin dans notre Dictionnaire

Conclusion

Dans un monde de plus en plus globalisé, à travers une approche multidisciplinaire des traitements et une orientation résolument multiculturelle, les congrès de l’ESMO visent à combler le fossé entre les chercheurs, les cliniciens et les patients, en unissant toutes les parties dans la recherche des traitements les plus efficaces disponibles actuellement.

Comme l’a très joliment formulé l’un des éminents participants à l’ESMO 2016, en soulignant l’importance de la collaboration dans le domaine de la recherche : « La plupart de nos pères et de nos grands-pères ont dû faire la guerre et tuer. Et, maintenant, nous voilà tous assis autour d’une même table, unissant nos efforts pour sauver des vies humaines ».

Quel formidable message d’espoir et d’encouragement pour la suite !

Amicalement

Équipe ARTIC

Association Artic

Le Saviez-vous ?
L’actuelle ESMO (Société européenne d’oncologie médicale) a été créée en 1975 à Nice, sous le nom de « Société de Médecine interne cancérologique » par deux grands cancérologues français, Prof. Georges Mathé et Prof. Maurice Schneider. Elle a pris le nom d’ESMO en 1980 et réunit actuellement des spécialistes venant de plus de 130 pays. Son siège se trouver en Suisse. Les principales missions de l’ESMO : faire avancer et promouvoir la recherche, améliorer la prévention, la qualité du diagnostic et du traitement des patients atteints de cancer.

Association Artic

Késako ?
Consentement libre et éclairé
C’est un document qui doit être signé par le patient pour tout acte de soin ou de recherche (comme, par exemple, avant une intervention chirurgicale ou participation à une étude clinique). « Libre » veut dire ici l’absence d’une quelconque contrainte ou menace et « éclairé » signifie que le patient a été au préalable correctement informé quant aux risques de l’acte thérapeutique en question. Ce document est l’un des fondements de la relation médecin-patient. Le consentement est régi par le Code de la santé publique. L’article R.4127-36 précise notamment que : « Le consentement de la personne examinée doit être recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état d’exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences. Si le malade est hors d’état d’exprimer sa volonté, le médecin ne peut intervenir sans que la personne de confiance, à défaut, la famille ou un de ses proches ait été prévenu et informé, sauf urgence ou impossibilité. »

Association Artic

La recherche avance !
Cancer de la prostate et les nouvelles radiothérapies
Une étude réalisée à l’Université de Texas montre l’efficacité record (99% à cinq ans) de la nouvelle radiothérapie SBRT (stéréotaxique) dans le traitement des tumeurs de la prostate. Ce type de radiothérapie permet non seulement d’obtenir des résultats impressionnants, mais nécessite aussi moins de séances qu’une radiothérapie conventionnelle et provoque moins d’effets secondaires (moins de dysfonctionnements ou de lésions).

Association Artic

Nouvelles technologies au service des patients
Les big data
Depuis quelque temps, on entend beaucoup parler des big data (ou mégadonnées). Ce sont des ensembles de données extrêmement volumineux. Ils sont d’ores et déjà utilisés dans différents domaines de la médecine dont l’oncologie. En effet, la quantité d’informations relatives à une maladie, collectées à l’échelle globale, est énorme et ne cesse de croître. Ces informations constituent donc une ressource précieuse pour les médecins et les patients à condition de disposer d’outils permettant de les exploiter. Parmi les outils déjà mis à la disposition des cliniciens citons le « CancerLinQ », élaboré par l’ASCO (Société américaine d’oncologie clinique), permettant de partager, à l’échelle mondiale, des données cliniques concernant tous les cancers.

Association Artic

Dictionnaire
Un radiopharmaceutique (ou radiotraceur)

C’est un médicament qui émet des ondes radioactives.

Comment le fait-il ? Tout simplement : il associe un élément chimique (vecteur) doté de certaines propriétés à un isotope radioactif. Les radiopharmaceutiques, en fonction des propriétés de l’isotope (notamment le type de rayonnement), sont utilisés comme traitement de certaines pathologies, mais également à des fins diagnostiques. Ils peuvent être produits dans un réacteur nucléaire, dans un cyclotron ou dans un générateur spécial prévu à cet effet.